© Vinz Dubois
La Pallice/Laleu
Quelques souvenirs de Nuées…
D’abord, se retrouver, de bonne heure, dans un vieux hangar SNCF, à plusieurs, copains, camarades et nouveaux collègues à découvrir.
La carte du lieu d’intervention : comme la préparation d’une action militante, masques à l’appui.
La tentative comme acte artistique, renouvelée, inventée, à chaque personne rencontrée. L’obligation d’être dans la qualité plutôt que la quantité.
Qualité du rapport à l’autre, l’écoute, la mise à niveau, l’égalité.
Moi, j’aime dire des textes engagés dans la rue, et qu’ils soient entendus, perçus sinon à quoi bon. Là, en face à face, je savais qu’ils passaient.
Des retours de souvenirs : « La mauvaise herbe, c’est nous » après un passage de Servigne à un jeune au pied d’une barre au loyer modéré.
Du Prévert aux caissières de la grande surface, du Prévert à la dame qui en sort, s’arrête, écoute et pleure et remercie et en redemande un encore.
Du Prévert, qui s’insère à merveille dans le chant profond de La Chorale de Peter.
Savoir que Nino, sur la dalle 1 semaine sur 2, viendra arroser le pied de tomate planté ensemble,
et d’autres dont je n’ai pas le prénom mais qui viendront faire germer quelques graines d’espoir, de révolte, d’insoumission, « rouge comme le sang qui coule nos veines ».
Être refoulé « pas le temps », puis accepté « enfin on a bien 5 minutes ». Ou être recherché et même invité dans un jardin, lire un texte engagé, un pastis à la main.
Inverser les rôles et le public qui me lit un texte, déclamer aux femmes des fenêtres une lettre de Despentes, faire valser l’EHPAD après quelques poèmes d’amour.
Prendre le temps. Prendre la mesure de l’instant. Et s’y insérer… subrepticement.
Nicolas Beauvillain – Cie La Chaloupe