© Marie Monteiro
La Pallice
Après avoir entonné un refrain de Nougaro, je rencontre un homme à sa fenêtre qui se demande pourquoi je lui parle depuis le haut d’une échelle. Puis une femme qui refuse catégoriquement qu’on construise une autoroute entre La Pallice et Laleu pour développer le tourisme de proximité cet été. J’ai à peine le temps d’apercevoir le chapeau irlandais du Porteur de Voix que je suis déjà devant le parc de Laleu. Je partage des sourires et une irrépressible envie de jouer avec Samir, Nathalie, Margot, Marine et Maël. Ils sont tous très motivés pour accueillir des touristes chez eux cet été. La preuve : ils ont des super balcons pour planter un duvet.
Laleu
Jean-Claude et Zézette me permettent de vivre deux moments extraordinaires dans les ruelles ensoleillées. On ne sait plus très bien qui est public, qui ne l’est pas, qui joue ou qui ne joue pas. On s’amuse ensemble et ça nous suffit. Le final en forme de renaissance de Casimir sous un pylône électrique est le plus bel hommage qu’on puisse faire à cette sortie de confinement. Nos rêves d’enfants ne sont pas morts !
Port-Neuf
J’expérimente l’entre-sort pour file d’attente. C’est marrant, mais c’est rapide. De loin, j’observe fasciné le contraste visuel entre la robe rouge de la Messagère et les murs gris de la ville. Je fais quelques fragiles pas de danse avec Carine devant un immeuble au son de l’accordéon d’Agathe puis je recrute Delphine et Benjamin, deux habitants prêts à tout pour transformer leur jardin en camping 3 étoiles cet été. L’après-midi, j’ai la chance d’être accompagné par mon directeur, Gildas Coutelier, pour qui la rue scintille comme un palace. Après avoir un tantinet erré parmi les barres, nous rencontrons Sylvette. Le jeu commence, elle s’amuse beaucoup à sa fenêtre. Malheureusement, un voisin méfiant coupe court à cette rencontre et nous fait mettre les voiles. Comme quoi, la veste de costume ça ne passe pas partout. Autour du lac, on croise du beau monde. Des presque sosies surtout : Patrick Swayze, Philippe de Villiers, Emmanuel Macron… À la fin de la journée, tandis que la Rochelle est devenue le Puy de la Folle, Casimir prend un bain debout dans le lac.
Mireuil
La pluie s’invite à la fête. Je croise Nicolas le Jardinier, qui plante ses graines d’espoir au milieu du bitume, Nestor le brigadier-chef à bicyclette, qui parlemente avec de jeunes commerçants locaux, la chorale de Peter qui chante à un balcon, Wilfried qui capte en un éclair avec sa voix et sa guitare un groupe d’ados volubiles l’instant d’avant… La fin de journée est plus pétillante pour moi avec l’arrivée du soleil et l’improvisation d’un duo avec Albert et son caddie. Un trio du coup. Dans le parc on recrute des guides qui n’ont pas le Bafa visiblement, mais qui nous suivent quand même à la trace jusqu’à la scène finale place de l’Europe. Bien entendu, tout cela se termine en chansons.
Villeneuve-les-Salines
Notre trio avec Albert et son véhicule commence sur les chapeaux de roues avec une visite juste à côté du Comptoir des Associations. Ensuite, on met le cap vers le bout de l’avenue en croisant Floriane et Noarnito qui s’emparent d’une façade. C’est derrière les immeubles qu’on réussit à trouver de nouveaux stagiaires. Ils sont très forts, et même prêts à nous aider à chercher Ophélie. Je vois au loin la silhouette de Vincent qui tire son fil, image fantastique au milieu des barres d’immeubles. Mon acolyte ayant un léger don de voyance, nous atterrissons ensuite dans un magnifique terrain de jeu avec des arbres entre les immeubles. Ou l’inverse. Albert prend de la hauteur poétique puis Priscilla et la chorale de Peter entonnent quelques chansons. Wilfried les rejoint et la magie opère. Derrière les fenêtres, un public surpris et attentif, de plus en plus nombreux. Je crois bien que c’est mon moment préféré celui-là. Le final a lieu près de la cabane du pêcheur et comme le dit Francis, on en profite pour faire un petit tour, respirer le grand air et mélanger nous-mêmes les couleurs. Martine et Casimir sont tout en souplesse, Louise touche le ciel, le Crieur harangue le public, le Jardinier plante une tomate, le soleil brille, les enfants jouent, tout le monde chante… L’été peut arriver, à La Rochelle les gens sont prêts.
À bientôt, au coin d’une rue, d’un lac, d’un parc, d’un hangar ou d’un bar !
Arnaud Ladjadj – Cie Brasse Brouillon