PENSER LE PRESENT IMAGINER L’AVENIR
L’association des Centres Nationaux des Arts de la Rue et de l’Espace Public apporte son soutien – fort et entier – à l’ensemble des professionnels, artistes et techniciens (…) qui structurent le paysage des arts de la rue et de l’espace public depuis des décennies. La terrible épidémie du Covid-19 que la France subit actuellement est une épreuve pour nous toutes et tous et nous encourage encore plus à penser le présent d’abord, mais aussi à imaginer l’avenir. Car dans l’avenir, nous avons le devoir de nous projeter. « Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile de danse » comme l’écrivait Nietzsche.
Aussi, face à la terrible épreuve liée au Covid 19 que nous traversons, seule la volonté commune de dépasser nos inquiétudes et de proposer des solutions anime notre association des Centres Nationaux des Arts de la Rue et de l’Espace Public.
Nous saluons les décisions rapides prises par le Ministère de la Culture et ses directions régionales, par les Régions, les Départements ou encore les Métropoles, Communautés d’agglomération et les Villes qui ont – de toute évidence – apporté des premières réponses à cette crise sanitaire inédite.
Pour autant, de cette crise unique vont jaillir sans doute demain des crises sociales, humaines, économiques, territoriales et politiques. Ce sont toujours des cicatrices mal refermées dont le corps dans son ensemble souffre :il nous faudra veiller ensemble à panser nos plaies. Nous n’oublions pas que c’est dans le Département de Seine Saint Denis – l’un des plus pauvres de France – que le Covid 19 fait le plus de morts.
Nous saluons toutefois les formidables élans de solidarités et d’humanités qui apparaissent en ces périodes de confinement. La réalité et les valeurs de nos territoires se mesurent aussi en ces instants.
Consciente de son rôle dans la structuration du champ artistique des arts de la rue et de l’espace public, l’association des 14 CNAREP tient à exprimer toute sa solidarité avec l’ensemble des artistes et intermittents du spectacle sans lesquels nos aventures ne pourraient s’imaginer et se réaliser sur nos territoires urbains et ruraux.
Nous nous engageons ainsi à prendre notre part de responsabilités afin de pouvoir apporter des réponses positives aux équipes artistiques que nous avions prévu de programmer ou d’accompagner notamment d’un point de vue financier, et ce même en cas d’annulation sans report.
Aujourd’hui, les enjeux sont multiples, tant pour la survie de la création en espace public que pour les outils de travail que sont les CNAREP. Aussi, nos préoccupations sont nombreuses, pour demain :
Le secteur des arts de la rue et de l’espace public fait partie de ceux qui sont le moins dotés notamment par le Ministère de la Culture et il devra faire face malgré tout car demain, les publics seront à nouveau (et c’est ce à quoi nous aspirons) très nombreux dans nos espaces publics, désireux de voir des spectacles et de partager des émotions en groupe.
Néanmoins, nous nous interrogeons – à l’heure où de nombreux festivals de printemps et d’été (Les Turbulentes, Viva Cité, les Rencontres d’ici et d’ailleurs…) sont annulés et où nos saisons territoriales subissent le même sort, à l’heure où nous ne savons toujours pas si les festivals de Chalon ou d’Aurillac pourront exister, à l’heure aussi où de nombreuses résidences de création sont annulées et en attente de report, à l’heure enfin où les artistes et technicien.nne.s, les intemittent.e.s de notre pays ne peuvent plus travailler – sur ce qu’il adviendra de notre secteur.
Ce coup d’arrêt nous expose – à l’instar de l’ensemble des acteurs du spectacle vivant – à de graves difficultés. Aussi, nous appelons ce jour tous nos partenaires à poursuivre avec nous les efforts pour trouver les solutions et les moyens nécessaires à la relance de notre secteur dans les semaines et les mois à venir. Parce que l’art et la culture font partie des besoins vitaux de nos concitoyens et doivent survivre à cette pandémie pour remplir leurs missions d’intérêt général et d’utilité sociale. C’est aussi l’ensemble des viviers économiques qui compose nos territoires qui va être durablement et profondément impacté.
Enfin, nous appelons le gouvernement à ne pas surenchérir sur les enjeux sécuritaires. Les conséquences post attentat de 2015 ont eu de graves effets tant sur la création en espace public que pour les organisateurs. Il serait insupportable qu’à la crise sans précédent que nous traversons s’ajoutent des mesures qui tueraient nos modes d’expressions.
Imaginons demain les désirs forts des publics, des auteurs, des acteurs, des metteurs en scènes… de travailler dans l’espace public, dont l’ensemble des Français aura été privé dans le cadre du confinement, imaginons les réalités de nos sociétés post Covid 19 où les arts de la rue et de l’espace public sauront – comme ils ont toujours su le faire – amener du rêve et de la poésie, imaginons enfin les effets désastreux pour l’ensemble de notre secteur si nous ne pouvions pas répondre à ces défis.
Pour l’association des CNAREP,
Mathieu Maisonneuve – Président
L’Abattoir, Chalon-sur-Saône
L’Atelier 231, Sotteville-lès-Rouen
Les Ateliers Frappaz, Villeurbanne
Le Boulon, Vieux-Condé
Le Citron Jaune, Port-Saint-Louis-du-Rhône
Le Fourneau, Brest
Lieux publics, Marseille
Le Moulin Fondu, Garges-lès-Gonesse
La Paperie, Angers
Le Parapluie, Aurillac
L’Usine, Tournefeuille
Pronomade(s) en Haute-Garonne
Quelques p’Arts…, Boulieu-lès-Annonay
Sur le pont, La Rochelle
crédit illustration: le fourneau.com