Du 24 février au 1er mars – Ariane Chapelet avec « À propos de… »

Avec le soutien de

Résidence de création du 24 février au 1er mars

Ariane Chapelet avec

À propos de...

Le goût amer de l'eau salée

Héritages encombrants

#BalanceTesAncêtres

Lettre à la honte

Cochez la case correspondante de votre titre préféré

Dans le cadre du Festival

Lecture interactive : Samedi 1er mars · 16h

Intermondes · Humanités océanes – La Rochelle

(11 rue des Augustins)

En création : À propos de...

Création 2025
Spectacle tout public dès 10 ans
Durée : 1h15

Rendez-vous rue Begouen.  
Begouen, vous savez qui c’était ? Au Havre, c’est le nom d’une famille de négrier. C’est aussi le nom de famille de mon arrière-grand-mère. Le point de départ de l’écriture de ce spectacle est mon histoire personnelle : j’ai des ancêtres armateurs et esclavagistes : les Begouën Demeaux, les Foäches, les Monfort. Une histoire familiale remplie de silence et de honte.  
Que reste-il de cette histoire dans nos rues, dans nos chaires ? Par une visite historico-intime de la ville, on regarde l’histoire, le passé pour regarder l’histoire présente. Regardons le nom des rues, les monuments, que nous racontent-ils ? Qu’est-ce-que la ville à nous apprendre de nous-même ?
J’écris d’une place de privilégiée qui ne veux pas être prisonnière de l’histoire, qui veut l’ouvrir, la disséquer pour la faire résonner. J’écris depuis un déplacement, un voyage, un glissement, un éloignement qui permet d’écrire, de dire.  
J’écris depuis la côte, celle où les bateaux partent dans le monde entier, de la côte où la mer est une amie, où la mer est un cimetière depuis bien trop longtemps.  

© Ariane Chapelet

Équipe

Écriture, mise en scène, scénographie, interprète : Ariane Chapelet
Direction d’actrice : Lucie Monzies
Accompagnement à la dramaturgie : Pina Wood

Compagnon de production : Sur le Pont · CNAREP (La Rochelle), dans le cadre du dispositif d’insertion de la FAI-AR – Formation Supérieure d’Art en Espace Public (Marseille)

Soutien : Festival Chahuts, Bordeaux

Dans le cadre pédagogique de sa formation professionnelle à la FAI-AR, Ariane Chapelet, de la promotion 10 (2023-2025), est accueillie pour un temps de recherche et d’expérimentation artistique.

La FAI-AR est l’établissement de référence en matière de formation artistique en espace public. Elle anime un cycle de formation supérieure destiné à de artistes qui souhaitent développer leurs capacités à créer et à porter des productions artistiques en espace public. Le rôle de la FAI-AR est de leur fournir l’outillage et les connaissances permettant de professionnaliser leur démarche, de les accompagner dans leur recherche et de préparer leur insertion dans les milieux professionnels comme auteur·rice en espace public.

Ariane Chapelet

(Paris, Nantes, Marseille, de manière générale, proche de l’eau et du vent)

Architecte diplômée de l’ENSA-V et de scénographie à l’ENSA-Nantes, elle y rencontre le chorégraphe Loïc Touzé, ainsi que les scénographes Raymond Sarty et Chantal Thomas, avec qui elle collabore par la suite. En 2019, elle participe à la quadriennale de scénographie de Prague avec Philippe Quesne et elle apprend à souder à la compagnie La Machine.
Théâtre, danse, espace public, opéra, sa curiosité la motive à traverser ces divers milieux en travaillant avec différentes compagnies dont Ici Même Paris, Walter & Joséphine, le collectif 1.5 dont Gabriel Um, Rouge Delta, TAAT, Du bout des doigts, La Fidèle Idée, InterStices.
Pour elles·eux, elle prend soin de la scénographie et parfois même de la construction.
Elle crée la compagnie Milette et Paillette où elle met sur l’établi ses capacités de clown, de metteuse en scène et de productrice pour créer des formes en rue, en vélo et en montagne. Elle y déploie alors sa passion pour le jeu théâtral qu’elle développe depuis plusieurs années. Elle emmène ses questionnements sur l’écologie, le féminisme et la désobéissance dans des spectacles ; et ses envies de liens humains prennent forme dans des chantiers participatifs.
Dans tous ses projets, elle met un point d’honneur à harmoniser le fond et la forme, pour que son attention au vivant prenne autant corps dans le récit que dans les matériaux qu’elle a entre les mains.

Créations et participations : Affréter la scène (2016) / Dream-Machine (2016) / La Dérive (2019) / 9ème école (2019) / Hall 08 (2020) /  [choses] (2020) / Chemins ver(t)s… (2020) / Scénograph’île (2021) / Du sucre sur les mains (2021) / Candide 1.6 (2021) / À travers flux (2021-2022) / Crassula’s life (2022) / Exo danse (2023)  

Pour aller plus loin… la note d’intention

Le point de départ de cette recherche est mon histoire personnelle : j’ai des ancêtres armateurs et esclavagistes, au Havre et à Nantes : les Begouën Demeaux, les Foaches, les Monfort. Une histoire familiale, dont je ne me rappelle plus du jour où on m’en a parlé pour la première fois, un sujet toujours abordé à demi-mot.
Du bateau négrier au porte conteneur, je veux aller interroger l’Histoire dans ces liens, ses conséquences : du lien entre les bouleversements écologiques et un système capitaliste d’extraction des terres et du vivant. La traite négrière est pointée comme un moment charnière, au-delà de l’anthropocène – période actuelle des temps géologiques, où les activités humaines ont de fortes répercussions sur les écosystèmes de la planète et les transforment à tous les niveaux – Olivier Marboeuf parle de « Plantationcène » : ère de la plantation où des humains sont considérés comme des objets et où se met en place un système globalisé où les richesses convergent vers les puissances coloniales.
Regarder l’Histoire passée donc, pour regarder l’Histoire présente. Pour envisager une transformation sociétale et le changement de paradigme nécessaire en prenant en compte ce passé. Pour moi, les écologies sont indissociables des pensées décoloniales. La décolonialité est la transformation dans les esprits, les représentations, les manières de faire, au-delà de la fin administrative des colonies. Dans un article de Médiapart, Quoc Anh écrit « la décolonisation, c’est s’attaquer à ses racines », je m’y attèle donc, à mes racines. Pour savoir et dire. Édouard Glissant disait « l’esclave de l’esclavage c’est celui qui ne sait pas ou qui ne veut pas savoir ».
J’écris d’une place de privilégiée qui ne veux pas être prisonnière de l’Histoire, qui veut l’ouvrir, la disséquer pour la faire résonner. J’écris depuis un déplacement, depuis mon arrivée à Marseille, un voyage, un glissement, un éloignement qui me permet d’écrire, de dire.
J’écris depuis la côte, celle où les bateaux partent dans le monde entier, de la côte où la mer est une amie, où la mer est un cimetière depuis bien trop longtemps.
J’écris avec des lectures en résonnance, avec les mots de Rachele Borghi, Frantz Fanon, Leonora Miano.