Résidence de création du 17 au 22 février
Compagnie l'instant dissonant avec "La Mesnie Hellequin"
En création : La Mesnie Hellequin
Création 2026
On raconte qu’il existe un vent aux mille et un noms. Un vent qui souffle d’un bout à l’autre du continent. Un vent dont la rumeur remonte loin dans le temps. On dit que ce vent est habité de créatures et de revenants. Nous, chasseuses et chasseurs de vents, nous partons à la poursuite de cet ouragan légendaire. Nous suivons le chemin des tempêtes pour y entendre le vacarme de ces ombres. Nous revêtons le masque du mythe pour croiser, dans l’œil du cyclone, le regard de nos ancêtres réunis.
© Friedrich Steub
Équipe
Écriture, mise en scène : Guillaume Lambert
Interprètes : Marie-Julie Chalu, Élise Douyère, Guillaume Lambert, Virgile L Leclerc
Dramaturgie : Climène Perrin
Scénographie, son : Olivier Brichet
Lumière : Gauthier Ronsin
Masques, costumes : Lise Crétiaux
Régie générale : Fabien Gougeon
Production, diffusion : Capucine Jaussaud
Administration, comptabilité : Zeynep Morali
Production : l’instant dissonant
Co-productions et soutiens : CNAREP : Sur le Pont – La Rochelle, Le Fourneau – Brest, Le Citron Jaune – Port-Saint-Louis-du-Rhône, Pronomade(s) – Encausse-les-Thermes / La Maison du Théâtre, Amiens / Les Tombées de la Nuit, Rennes / Les Quinconces et L’Espal – Scène nationale du Mans / Au Bout du Plongeoir, Thorigné-Fouillard / Hors Cadre 2023 – Association des CNAREP / Écrire pour la Rue 2024, SACD – DGCA
l’instant dissonant
(Rennes – 35)
Fondée en 2016 par Guillaume Lambert, la compagnie l’instant dissonant crée des pièces de théâtre. Elle est implantée à Rennes et travaille partout en France.
Ses spectacles s’inscrivent autant dans des théâtres que dans l’espace public, avec toujours la même attention à jouer avec les lieux et à en raconter les histoires. Elle crée un théâtre de récit qui utilise le merveilleux et le poétique pour réenchanter notre rapport au vivant. Au fil des créations, la compagnie compose comme un atlas de rites et de fêtes qui réinvente des formes folkloriques pour leur faire raconter les enjeux de notre époque. Elle plonge dans l’actualité de la pensée militante écologique, féministe, décoloniale et sociale pour en exprimer les antagonismes et les traduire de manière vivante. Elle actualise pour cela l’esthétique vernaculaire des arts populaires pour renouer avec une forme d’artisanat aux couleurs du présent et de l’ailleurs.
La compagnie se construit autour des écritures de Guillaume Lambert qui les initie et les met en scène. Chaque création invite à repenser l’équipe pour à la fois nourrir des compagnonnages sur le long terme tout en faisant de la place à de nouvelles rencontres. Cette mémoire vivante de la compagnie est entretenue par des collaborations régulières avec Zelda Bourquin (jeu & dramaturgie), Gauthier Ronsin (éclairage & musique), Lise Crétiaux (costume & arts visuel), Olivier Brichet (scénographie & son), Albertine Villain-Guimmara (jeu & regard extérieur), Élise Douyère (jeu & regard extérieur), Virgile L Leclerc (jeu) et Fabien Gougeon (régie technique). Les projets sont portés conjointement par Zeynep Morali, Capucine Jaussaud et Guillaume Lambert qui dialoguent et se répartissent l’administration, la production, la diffusion et la communication.
Créations : Où va ma rage (2016) / Petits effondrements du monde libre, repas-spectacle (2018) / Mes parents morts-vivants (2019) / L’île sans nom, théâtre-paysage (2022)
Pour aller plus loin… La Mesnie Hellequin – Guillaume Lambert
J’y découvre une origine théâtrale, Hellequin étant le père terrible de notre Arlequin, dont le manteau qui désigne le cadre de scène des théâtres actuels viendrait de la trappe infernale des mystères du Moyen-Âge. J’y rencontre d’autres figures d’un panthéon païen, comme Diane la chasseresse et Dame Abonde la nourricière. J’y discerne une légende horrifique façonnée par l’Église pour recouvrir le rituel d’un carnaval funèbre, bruyant et dansant, à la manière des second-lines à la Nouvelle-Orléans. J’y retrouve le lien originel qui associe le masque du carnaval aux ancêtres qui reviennent sur terre. J’y entends l’association des morts aux phénomènes du ciel, au souffle du vent, au bruit de la tempête, à l’eau nourricière de la pluie, à la colère du tonnerre. J’y retrouve une conception similaire à celle contemporaine aux Amériques qui fait des cyclones à répétition la mémoire refoulée des esclaves abîmé·e·s dans l’Atlantique qui viennent s’abattre sur le continent. J’y vois une foule d’exclu·e·s, de femmes, d’animaux, de personnes racisé·e·s. Les refoulé·e·s de la chrétienté qui me rappellent ceux de notre modernité, les mort·e·s des frontières, des féminicides, du travail, de la rue, nos revenant·e·s. J’y sens le mythe réconfortant d’une famille, une cohorte de revenant·e·s à qui confier ses morts, dans le souffle du vent et sous un même manteau, plutôt qu’au béton froid des caveaux. J’y observe enfin la forme d’une rumeur, aussi bien dans le travail du son que dans la légende rapportée, une manière de faire théâtre avec la foule en dehors des représentations, entre l’espace public et les réseaux sociaux.
De toutes ces pistes, j’ai composé en juillet 2023 pour Hors Cadre un livret qui compile différents fragments du mythe, une matière prête à être transformée pour nourrir la recherche théâtrale, le premier trophée d’une chasse mythique à réinventer.